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« Méditerranée, terroir divin » : Reportage dans les Langhes, Piémont, Italie – Textes : Laurence Crinquant – Photographies : Claude Cruells
Le mercredi 1er mai célébre cette année non seulement la Fête du Travail et ses brins de muguet, mais aussi le top départ de la campagne de reportages 2019 de notre projet « Méditerranée, terroir divin ». Vous avez pu voir dans notre précédente publication la logistique mise en place afin de réaliser au mieux cette importante expédition de plus de 5 semaines. C’est sous un radieux soleil que l’équipe de CarttooN Spirit prend la route, à 6 heures du matin, vers les collines du Piémont, sa première étape. Après 620 kilomètres de trajet plutôt agréables, nous voici parvenus à notre destination, en plein cœur des Langhes au nord-ouest de l’Italie.
Le paysage viticole du Piémont : Langhe-Roero et Monferrato
Cet étonnant site est inscrit « paysage culturel » sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO sous le nom de « Paysage viticole du Piémont : Langhe-Roero et Monferrato ». Il est en effet le résultat du travail combiné de la nature et des humains. Reconnu pour sa culture viticole, qui a dessiné le paysage au cours des siècles, il s’étend sur les territoires des provinces de Coni, Asti et Alexandrie, dans la région des Langhe et du Monferrat.
C’est sur ces territoires que s’épanouissent cinq vignobles distincts considérés par l’UNESCO comme possédant une valeur culturelle et historique en terme de paysages. Ces vignobles sont le berceau des vins Barolo, Barbaresco, Barbera, et Asti spumante. Le paysage des Langhe, se déployant dans le sud du Piémont , entre la rivière Pô et l’Apennin ligure, est très singulier, succession de somptueuses collines couvertes de vignobles et parsemées de villages et de châteaux. Il faut savoir qu’il n’y a pas de continuité entre les différents emplacements protégés et qu’ils ne sont pas forcément mitoyens. C’est en effet l’ensemble des processus techniques et économiques liés à la viticulture et à la vinification, tout en façonnant la nature environnante, qui unifie la région depuis des siècles.
Focus sur Poderi e Cantine Oddero
Les contraintes de reportages, surtout dans le cadre d’activités associatives, prennent tout leur sens quand il s’agit de déterminer à qui nous allons donner la parole. Les choix s’avèrent souvent cornéliens .
Nous sommes reçus par une des familles les plus historiques de la région, le Domaine Oddero. Une de celles qui, au cours des trois derniers siècles, a contribué à valoriser dans le monde entier son précieux terroir et ses vins.
« Tre elementi compongono un grande vino:
il territorio, il vitigno e l’uomoIl nostro territorio sono le Langhe, patrimonio mondiale dell’Umanità, antica terra da sempre vocata alla vitivinicoltura.
Il vitigno è il Nebbiolo, da cui si ottiene il Re dei vini: il Barolo. E le persone che lavorano i nostri vigneti lo fanno seguendo una tradizione di oltre due secoli di fatica, passione e dedizione alla qualità. »« Abbiamo un paese. Abbiamo un territorio. Abbiamo, soprattutto, profonde radiciche risalgono al XVIII secolo. Abbiamo una piccola grande storia da raccontare. »
« Trois éléments composent un grand vin: le territoire, la vigne et l’homme
Notre territoire, c’est la Langhe, un site classé au patrimoine mondial de l’humanité, une terre ancienne qui a toujours été adaptée à la viticulture.
Notre cépage, c’est le Nebbiolo, dont est issu le roi des vins: le Barolo.
Et les gens qui travaillent dans nos vignobles le font en suivant une tradition de plus de deux siècles, durs de labeur, de passion et de dévouement à la qualité. »« Nous avons un pays. Nous avons un territoire. Surtout, nous avons des racines profondes
qui remontent au 18ème siècle. Nous avons une belle petite histoire à raconter. »
On ne s’engage pas dans des projets photographiques mémoriels sans aimer les histoires. Tout indique que la famille Oddero cultivait déjà la vigne sur le territoire de La Morra au XVIIIème siècle. Malgré la modernisation des techniques agricoles, il semble également que des gestes immémoriels furent transmis de génération en génération pour parvenir aujourd’hui à une démarche de viticulture biologique, en symbiose avec la nature. Mariacristina, dernière génération de cette longue lignée, s’y emploie avec ferveur. La tâche est ardue si l’on considère que ses parcelles sont souvent entourées de vignes dont les propriétaires n’ont pas encore adopté une démarche en faveur d’une viticulture durable que ce soit pour les sols et la culture de la vigne. Aussi cette dernière n’hésite-t-elle pas à sacrifier de nombreuses rangées pour extraire le plus pur de ses raisins. C’est un sacrifice considérable, mais il exprime la volonté de ce domaine ancien de « faire du vin vivant sur une terre vivante » (citation de Bruno Quenioux).
Impressions de reportage
Malgré la brièveté de notre séjour, tout concoure à faire de cet environnement luxuriant un terrain de jeux généreux pour Claude, notre photographe. Déjà, il ne pleut pas. Et c’est en soi une victoire et en quelque sorte une revanche après un reportage aux conditions météorologiques déplorables lors de notre séjour en Vénétie en 2017. Le contexte nous avait laissé alors un sentiment tout aussi mitigé que la météo du moment. Et si la nature a toujours le dernier mot, de belles images avaient néanmoins été saisies entre deux averses, à notre grand soulagement. Le temps est clément et relativement doux au cœur des Langhes. Ce que la nature donne à voir, ce sont de magnifiques vignobles à la fois soignés et exubérants et bénéficiant d’un enherbement qui en sublime la grâce. La grâce, d’ailleurs, se révèle à nos reporters quand les brumes matinales jouent à estomper puis marquer les reliefs et couleurs de ce terroir. Les hyperlumières, comme les nomment Claude, sont au rendez-vous et c’est le cœur léger et avec le sentiment d’une mission accomplie que l’équipe reprend la route.
Direction la Solvénie et ses plus beaux vignobles dans la région de Goriska Brda, surnommée la « Toscane slovène »