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Méditerranée, terroir divin : Reportage Italie 2018 / Sicile / 9-15 avril – Texte : Laurence Crinquant – Photographies : Claude Cruells
La Sicile et l’Etna : destination incontournable du Projet « Méditerranée, terroir divin »
Février 2018 : Lors du Salon Vinisud, notre équipe fait la connaissance de Vinny Mazzara, sommelier conseil, qui anime un masterclass sur les vins de volcans. Notre rencontre nous convainc de centrer notre premier reportage en Sicile autour des terroirs exceptionnels de l’Etna. Ce reportage bien ciblé s’intègre dans l’expédition 2018 pour l’Italie où seront également explorées les douces collines et vallées de la Toscane, ainsi que les pentes abruptes des Cinque Terre en Ligurie.
Partis le lundi 9 avril à 9 heures des abords de l’Etang de Thau, nous arrivons au pied de l’Etna le mercredi 11 en fin de matinée.
Frank Cornelissen, vigneron d’origine belge installé depuis 2000 à Solichiatta nous reçoit chaleureusement dans le restaurant de son ami Sandro. De mets délicats en vins fantastiques, nous rencontrons un de ces vignerons singuliers, un de ceux dont nous souhaitons conter la relation unique à la terre et au vivant. Si Frank expose avec précision et professionnalisme sa manière de travailler la vigne et de faire du vin, nos conversations sortent largement d’un cadre pédagogique et les évocations spirituelles et philosophiques viennent étoffer la dimension émotionnelle que nous cherchons pour « Méditerranée, terroir divin ».
Pendant 4 jours, nos pieds et les roues de notre quad, soulèvent la poussière volcanique, omniprésente, à la recherche de ce point de vue rare qui fasse le lien entre ce volcan, l’Etna, à la fois bienveillant et inquiétant et une viticulture ancestrale. Portée par des cépages autochtones comme le Nerello Mascalese, le Nerello Cappuccio ou le Nerello Montelato pour les rouges, ou encore le Carricante et le Catarratto pour les blancs, elle a autrefois été mise à mal par le phylloxera et subit la menace constante des éruptions volcaniques. Les vignes en terrasses, souvent bordées de murets en pierres de lave, escaladent vaillamment les déclivités de l’Etna tout en jouant à cache-cache avec lui. Au gré de nos échanges avec les vignerons et de nos nombreuses lectures, nous découvrons la mémoire de cette viticulture ancienne. Il faut savoir que l’on a identifié la présence de vignes sur les pentes de l’Etna dès le VIIIème siècle avant JC lors de la domination grecque, bien avant leur développement par les Romains à partir du IIIème siècle avant JC. Ce sont d’ailleurs les Grecs qui ont initié la culture de la vigne en « Albarello » (Gobelets), méthode qui fait son grand retour depuis quelques années à l’initiative de vignerons passionnés souhaitant préserver et valoriser ce territoire de vignes et d’oliviers si singulier.
Malgré le temps clément, les brumes inhérentes au volcan et aux entrées maritimes absorbent la lumière et rendent la prise de vues très délicate. La nature et le temps qui passe, la nature et le temps qu’il fait, nous engagent encore une fois à la plus grande humilité. A force de repérages et d’observations, guidés par notre sensibilité, nous arrivons néanmoins à saisir les quelques évocations photographiques, artistiques et émotionnelles que nous sommes venus chercher pour notre mission mémorielle, celles que nous essayons de transmettre à nos contemporains et aux générations futures.
La veille de notre départ, notre curiosité nous pousse à accrocher nos pas aux coulées de lave et à trébucher sur les vestiges des éruptions. Celles qui ont façonné les flancs de l’Etna depuis 500 000 ans. Nous parviendrons à 1860 mètres selon notre relevé GPS. Les cratères sommitaux culminent à 3.330 mètres… A quelques kilomètres à vol d’oiseau, la belle bleue nous rappelle qu’elle demeure au cœur de notre projet. C’est à Taormina que nous plongerons nos yeux dans son azur, petit clin d’œil au « Grand Bleu ». 30 ans jour pour après que Claude l’ait regardé, seul, dans une petite salle de cinéma de Mende en Lozère.